Focus sur la dominance et la hiérarchie
L’origine de la dominance
La théorie de la dominance prend ses racines dans les années 70. Elle est le résultat d’une étude observationnelle de loups en captivité. Son auteur, Lucyan David Mech, avait constaté que la meute était structurée d’une façon très précise : un premier loup accédant à toutes les ressources en priorité, appelé alpha, un deuxième loup y accédant en deuxième position, appelé bêta, et ainsi de suite.
Aujourd’hui, avec nos connaissances actuelles, nous savons que cette théorie est inexacte. D’une part, car l’étude a été menée dans un contexte non naturel. Les animaux ne pouvaient donc pas exprimer leur répertoire comportemental complet, biaisant ainsi l’analyse. D’autre part, car les études scientifiques ont démontré l’inefficacité et la dangerosité de cette théorie. Son auteur lui-même est revenu dessus et s’est rétracté, expliquant que les loups privilégient la communication, la coopération et l’entente.
Zoom sur le chien
Il n’en fallait pas plus pour qu’une partie des éducateurs canins transposent cette théorie dans les méthodes d’apprentissages et la relation homme-chien. Leur postulat était le suivant : puisque le chien descend du loup, alors le chien se comporte comme un loup. Et avec tout ce qui en découle : « dominance », « hiérarchie », « être le chef de meute »…
En réalité, les études ont permis de découvrir certaines avancées. D’abord, il y a des questions de préférences et de limites individuelles : un chien peut défendre sa nourriture face à un congénère mais lui laisser son couchage. De même, la menace a pour objectif de signifier que la ressource est importante et est une tentative de mise à distance de l’autre, afin d’éviter le conflit. Mettre une étiquette « dominant » sur ce comportement, c’est ne pas se questionner sur sa fonction. Enfin, la socialisation est très importante : elle assure que le chien soit capable de communiquer dans les codes de son espèce et comprendre ses congénères.
Zoom sur le chat
Si l’on peut comprendre le raisonnement qui a poussé les individus à faire un parallèle entre le chien et le loup, il est plus difficile d’appréhender l’extrapolation à l’espèce féline. Le chat est avant tout un animal solitaire, même s’il est capable de s’adapter à de nombreuses situations.
Non domestiqués, les chats ont un mode de vie entièrement solitaire pour la majorité d’entre eux. Certains peuvent se regrouper autour de ressources de façon ponctuelle mais ils n’ont pas besoin d’un groupe pour subvenir à leurs besoins fondamentaux.
Domestiqué, le chat ne développe pas plus qu’avant une notion de dominance. Partager les ressources d’un environnement dans lequel il vit demande un effort et suppose une bonne tolérance des congénères. Il s’agit d’une adaptation. La présence de feulements, grognements ou conduites agressives n’est qu’un moyen de mettre à distance l’autre et de protéger une ressource importante à ses yeux.
Relation avec l’humain
Côté humain, parler de hiérarchie entre deux espèces différentes est un non-sens éthologique. Pour qu’une hiérarchie s’installe, il faut que les demandes ou les besoins soient les mêmes, qu’il y ait une compétition pour l’accès à une ressource (alimentation, repos, sexualité…) et l’existence d’un groupe social.
Si nous reprenons ces trois points, nous nous apercevons bien vite que la hiérarchie entre deux espèces différentes ne peut exister : nous n’avons pas les mêmes besoins, nos animaux dépendent de nous pour l’accès à leurs ressources et nous ne faisons pas partie d’un groupe social. Nous avons des activités indépendantes de nos animaux, ne communiquons pas de la même façon et n’appartenons pas à la même espèce. Nous développons des liens de confiance et d’attachement et non un lien hiérarchique.
Les conséquences
Le mythe de la dominance, avec la hiérarchie qui en résulte, est incompatible avec une éducation positive et bienveillante. La dominance implique une obéissance par la peur et la violence, ainsi que l’utilisation de méthodes ne respectant pas le bien-être animal.
Non, attraper un chat par la peau du cou ou mettre des coups à son chien ne permet pas à l’animal d’apprendre quel bon comportement adopter.
Les conséquences sont diverses : impuissance apprise, phobie, apathie, destruction du lien de confiance entre l’animal et son gardien, comportements gênants, agressions…
Si vous rencontrez des difficultés avec votre animal, choisissez d’être accompagné par un comportementaliste canin ou félin n’employant pas ce type de méthodes. Vous vous assurerez alors d’avoir des solutions adaptées et respectueuses de votre compagnon.